lundi 8 avril 2024

Risque de renvoi massif de PRAG et de PRCE dans le second degré avec la réforme de la formation des enseignants annoncée par le gouvernement

 

Si les universités sont conduites à fermer d'autres formations pour assurer à moyens constant la création des  « écoles normales du XXIe siècle » (ENSP) ( https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/05/reforme-de-la-formation-des-enseignants-des-consequences-en-cascade-pour-les-universites-a-moyens-constants_6226208_3224.html  ):

  - les PRAG et PRCE qui y enseignent n'auront plus suffisamment d'heures à assurer et risquent donc de perdre leur poste dans le supérieur

- d'autant que les enseignants-chercheurs qui exercent dans ces formations  qui vont être supprimées vont a priori par ricochet  prendre la place de PRAG et de PRCE dans d'autres formations maintenues, ce qui va a priori provoquer leur retour forcé dans le second degré.

Rappelons que le gouvernement a déjà décidé de supprimer brutalement des dizaines de filières dans les lycées professionnels, poussant des PLP à devenir professeurs des écoles ou de collège dans des disciplines qui ne sont pas les leurs.

Par son président Denis ROYNARD, le SAGES a été dès 2011 le premier et le seul à contester la mobilité forcée des enseignants du supérieur, devant le Conseil d'Etat (https://www.conseil-constitutionnel.fr/les-decisions/decision-n-2011-134-qpc-du-17-juin-2011-decision-de-renvoi-ce) puis devant le Conseil Constitutionnel (https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2011/2011134QPC.htm considérant n°9 de la décision n°2011-134 du  Conseil Constitutionnel , le président du SAGES étant le "M. Denis R." cité au début de cette décision, et cité comme Denis ROYNARD dans la décision de renvoi du Conseil d'Etat) en entrevoyant ses potentialités destructrices. Le SAGES était notamment  le seul à invoquer l'indépendance dans l'exercice des fonctions des enseignants du supérieur, qui est une des composantes de la liberté académique, notamment celle  d'enseignant, autre qu'un enseignant chercheur, affecté dans un établissement public d'enseignement supérieur [perdant] son affectation dans l'enseignement supérieur" du fait de la loi de mobilité en cause, comme le confirme la décision de renvoi du Conseil d'Etat. La seule réserve de constitutionnalité figurant à l'article 1er de la décision  n°2011-134 du Conseil Constitutionnel concernant la mobilité imposée aux enseignants du supérieur est donc due au seul SAGES.

L'action du SAGES pour la défense de la liberté académique a même déjà un retentissement international (https://www.researchgate.net/profile/Daniele-Joly/publication/375869902_Academic_Freedom_under_attack_France_and_the_United_KIngdom/links/6560933e3fa26f66f4240488/Academic-Freedom-under-attack-France-and-the-United-KIngdom.pdf?_tp=eyJjb250ZXh0Ijp7ImZpcnN0UGFnZSI6InB1YmxpY2F0aW9uIiwicGFnZSI6InB1YmxpY2F0aW9uIn19  page 22 et note n°168). Dans notre réclamation (non encore jugée) que cite cet observatoire global de la liberté académique, est notamment en cause la mutation forcée dans le second degré des PRAG et PRCE "dans l'intérêt du service". 

Les PRAG et les PRCE ont donc été bien inspirés de voter massivement pour le SAGES aux élections professionnelles de 2022, car un avis de tempête s'annonce pour eux dans les années à venir. En 2026, il faudra que les PRAG, les PRCE et les enseignants-chercheurs votent très massivement pour le SAGES, car s'ils sont représentés par des syndicats insuffisamment combatifs en matière de liberté académique, comme en 2011, ou insuffisamment armés pour combattre, ils vont subir les pires désagréments.


mardi 18 avril 2023

En marche vers... le casernement des professeurs

 

Un mot à retenir, lourd de conséquence pour nos services, dans l'allocution présidentielle d'hier lundi 17 avril. Celui de « systématiquement » accolé à « remplacement des professeurs absents ». C'est le « pacte enseignant » du ministre Pap Ndiaye qui est censé répondre à ce besoin de remplacement. Mais ce pacte est rejeté par une majorité de la profession et l'organisation de ces remplacements va se heurter aux incompatibilités d'emploi du temps des professeurs et à leur disponibilité dans les établissements scolaires. Le seul moyen de rendre « systématique » les remplacements est de caserner les professeurs sur leur lieu de travail lorsqu'ils ne sont pas devant élèves ou occupés à d'autres tâches. Pour ce faire, il faudra donc annualiser leur service à très brève échéance. Encore une dégradation de nos conditions de travail et un « choc d'attractivité » pour la profession !

mardi 24 mai 2022

Décès de André Antibi, concepteur de la « constante macabre »

Ce professeur de mathématiques à l'Université de Toulouse III était persuadé que pour rester « crédibles », les professeurs se sentaient « obligés » de mettre un certain pourcentage de « mauvaises » notes aux évaluations de leurs élèves pour que la répartition de ces notes suive une courbe centrée sur la moyenne. Cette répartition a reçu le nom de « constante macabre » par A. Antibi car elle induirait souffrance et découragement de la part des élèves « mal notés ». Ce concept élaboré au début des années 2000 a fait florès dans l'administration de l'éducation nationale qui trouvait là matière à augmenter à bon compte les taux de réussite aux examens. Avec le succès que l'on connaît.

Comment un professeur tel que A. Antibi a-t-il pu penser que chaque correcteur a le temps d'effectuer systématiquement de savants calculs sur chaque paquet de copies pour répartir les notes autour de la moyenne et donc mettre des « mauvaises » notes en bonne conscience ? C'est prêter du machiavélisme et du temps à perdre à toute une profession qui ne fait qu'évaluer la qualité d'un travail d'élève et non pas l'élève lui-même. C'est plutôt l'inverse qu'on observe, augmenter les notes trop basses d'un devoir peu réussi par les élèves. Des collègues proposent souvent un devoir de rattrapage quand ce ne sont pas les élèves eux-mêmes qui le demandent.

La « mauvaise » note sur une copie n'est évidemment pas une sanction mais une alerte sur un manque de travail de son rédacteur. Les commentaires du professeur sont évidemment plus importants que la note affichée en tête de page, même si beaucoup d'élèves ne regardent qu'elle.

Que proposait le professeur Antibi pour en finir avec sa « constante » ? Une « évaluation par contrat de confiance » : programme de révision explicite (mais quel professeur ne le fait pas déjà?) et un exposé des questions posées à l'évaluation. L'expérience montre que les élèves se démobilisent lorsqu'on prépare trop le travail en amont d'une évaluation. Si des élèves sont encore soucieux de leurs notes, d'autres en sont très détachés et ont compris que leur passage de classe en classe s'effectue indépendamment de leurs résultats scolaires. Lors de la remise des copies dans une classe, il n'est pas rare de voir certains élèves se vanter ouvertement de leurs mauvaises notes auprès de leurs camarades. De macabre, la constante est devenue joyeuse.

PS : A. Antibi n'avait pas de page Wikipédia qui lui était consacrée. En revanche, il en existe une sur sa création :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Constante_macabre

Et sa critique :

https://www.sauv.net/antibi.php


jeudi 5 mai 2022

Réclamation du SAGES auprès du CEDS

Le SAGES a déposé une réclamation enregistrée le 2 mai 2022 auprès du Comité européen des droits sociaux (CEDS) portant sur les articles 22 (droit de prendre part à la détermination et à l'amélioration des conditions de travail), 10 (droit à la formation professionnelle) et E (non-discrimination) de la Charte européenne révisée.

Le SAGES argue que la réglementation française prive certains personnels enseignants agrégés ou contractuels de l'enseignement supérieur de représentation au sein du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNSER), statuant en appel et en dernier ressort sur les décisions disciplinaires, et permet d'écarter ces personnels du ressort de cette juridiction collégiale en violation des dispositions susmentionnés de la Charte.

https://www.coe.int/fr/web/european-social-charter/-/no-211-2022-syndicat-des-agreges-de-l-enseignement-superieur-sages-v-france


dimanche 1 mai 2022

Inspection d'un professeur commandité par le cabinet de Brigitte Macron

De quoi je me mêle ? C'est la réaction qui vient à l'esprit pour cette mauvaise affaire survenue à un professeur de français d'un collège de Strasbourg. La mère d'une de ses élèves s'est plainte de ses méthodes d'enseignement auprès du cabinet de Brigitte Macron. Ce dernier a transmis la plainte au rectorat de l'académie de Strasbourg lequel a diligenté une inspection du professeur (ou plutôt une « visite conseil », selon la novlangue de l'éducation nationale). Le collègue devra subir une deuxième « visite » en mai prochain. Nous imaginons sans peine qu'il doit lui tarder que l'année scolaire se termine. Une affaire lamentable qui montre combien notre administration se révèle souvent incapable de gérer localement les plaintes de ces parents mécontents lesquels se retournent alors vers des personnalités politiques locales ou nationales. Elle montre à quel point les professeurs mis en cause se retrouvent bien seuls devant les actions pas vraiment bienveillantes engagées contre eux.

https://www.profession-gendarme.com/wp-content/uploads/2022/04/Mediapart26avril2022.pdf


 

samedi 30 avril 2022

Temps de correction des épreuves de spécialité des 11 et 12 mai 2022

 

La direction générale des enseignements scolaire (DEGESCO) a informé certains syndicats qu'elle accorde du temps de correction pour les professeurs chargés d'évaluer les copies des épreuves de spécialité des 11 et 12 mai prochain. Ce temps consiste en 4 demi-journées à prendre entre le 17 mai et le 3 juin. A l'heure de la rédaction de ces lignes, le ministère n'a toujours pas diffusé cette information importante sur son site ou par courriel à l'ensemble de la profession.

Les collègues correcteurs apprécieront d'être déchargé d'enseignement mais ils regretteront de perdre 4 demi-journées pour boucler les programmes de leurs classes. Ceci montre à quel point, s'il en était encore besoin, combien ces épreuves de spécialité surviennent trop tôt dans l'année scolaire, même si cette année leur tenue est faite avec deux mois de retard. Au-delà des difficultés matérielles d'organisation de ces épreuves en cours d'année, leur programme a été amputé de chapitres entiers et elles comporteront plusieurs sujets différents pour permettre au moins travailleurs des candidats de composer avec succès. Gageons qu'après ce temps de composition et de correction, beaucoup d'élèves seront démotivés pour reprendre le travail et terminer l'année scolaire.


vendredi 22 avril 2022

Revalorisation du salaire des profs : pas encore actée, déjà effacée !

 Le président candidat a proposé mercredi lors du « débat » en vue du second tour une augmentation inconditionnelle de 10% pour l'ensemble des professeurs et jusqu'à 20% pour ceux qui utiliseront des « méthodes pédagogiques innovantes ». Son adversaire promet elle une revalorisation de 3% par an sur l'ensemble du prochain quinquennat, soit 15% en tout.

Le matin même, sur France Culture, l'économiste Jean Arthuis disait que l'inflation en France pourrait se maintenir à 5% par an dans les quelques années qui viennent. L'augmentation promise par les deux candidats est donc virtuellement effacée par trois ou quatre années d'inflation. On ne peut donc plus parler de revalorisation mais de simple maintien à flot... En eaux basses!

Risque de renvoi massif de PRAG et de PRCE dans le second degré avec la réforme de la formation des enseignants annoncée par le gouvernement

  Si les universités sont conduites à fermer d'autres formations pour assurer à moyens constant la création des   « écoles normales du X...