mardi 24 mai 2022

Décès de André Antibi, concepteur de la « constante macabre »

Ce professeur de mathématiques à l'Université de Toulouse III était persuadé que pour rester « crédibles », les professeurs se sentaient « obligés » de mettre un certain pourcentage de « mauvaises » notes aux évaluations de leurs élèves pour que la répartition de ces notes suive une courbe centrée sur la moyenne. Cette répartition a reçu le nom de « constante macabre » par A. Antibi car elle induirait souffrance et découragement de la part des élèves « mal notés ». Ce concept élaboré au début des années 2000 a fait florès dans l'administration de l'éducation nationale qui trouvait là matière à augmenter à bon compte les taux de réussite aux examens. Avec le succès que l'on connaît.

Comment un professeur tel que A. Antibi a-t-il pu penser que chaque correcteur a le temps d'effectuer systématiquement de savants calculs sur chaque paquet de copies pour répartir les notes autour de la moyenne et donc mettre des « mauvaises » notes en bonne conscience ? C'est prêter du machiavélisme et du temps à perdre à toute une profession qui ne fait qu'évaluer la qualité d'un travail d'élève et non pas l'élève lui-même. C'est plutôt l'inverse qu'on observe, augmenter les notes trop basses d'un devoir peu réussi par les élèves. Des collègues proposent souvent un devoir de rattrapage quand ce ne sont pas les élèves eux-mêmes qui le demandent.

La « mauvaise » note sur une copie n'est évidemment pas une sanction mais une alerte sur un manque de travail de son rédacteur. Les commentaires du professeur sont évidemment plus importants que la note affichée en tête de page, même si beaucoup d'élèves ne regardent qu'elle.

Que proposait le professeur Antibi pour en finir avec sa « constante » ? Une « évaluation par contrat de confiance » : programme de révision explicite (mais quel professeur ne le fait pas déjà?) et un exposé des questions posées à l'évaluation. L'expérience montre que les élèves se démobilisent lorsqu'on prépare trop le travail en amont d'une évaluation. Si des élèves sont encore soucieux de leurs notes, d'autres en sont très détachés et ont compris que leur passage de classe en classe s'effectue indépendamment de leurs résultats scolaires. Lors de la remise des copies dans une classe, il n'est pas rare de voir certains élèves se vanter ouvertement de leurs mauvaises notes auprès de leurs camarades. De macabre, la constante est devenue joyeuse.

PS : A. Antibi n'avait pas de page Wikipédia qui lui était consacrée. En revanche, il en existe une sur sa création :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Constante_macabre

Et sa critique :

https://www.sauv.net/antibi.php


jeudi 5 mai 2022

Réclamation du SAGES auprès du CEDS

Le SAGES a déposé une réclamation enregistrée le 2 mai 2022 auprès du Comité européen des droits sociaux (CEDS) portant sur les articles 22 (droit de prendre part à la détermination et à l'amélioration des conditions de travail), 10 (droit à la formation professionnelle) et E (non-discrimination) de la Charte européenne révisée.

Le SAGES argue que la réglementation française prive certains personnels enseignants agrégés ou contractuels de l'enseignement supérieur de représentation au sein du Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche (CNSER), statuant en appel et en dernier ressort sur les décisions disciplinaires, et permet d'écarter ces personnels du ressort de cette juridiction collégiale en violation des dispositions susmentionnés de la Charte.

https://www.coe.int/fr/web/european-social-charter/-/no-211-2022-syndicat-des-agreges-de-l-enseignement-superieur-sages-v-france


dimanche 1 mai 2022

Inspection d'un professeur commandité par le cabinet de Brigitte Macron

De quoi je me mêle ? C'est la réaction qui vient à l'esprit pour cette mauvaise affaire survenue à un professeur de français d'un collège de Strasbourg. La mère d'une de ses élèves s'est plainte de ses méthodes d'enseignement auprès du cabinet de Brigitte Macron. Ce dernier a transmis la plainte au rectorat de l'académie de Strasbourg lequel a diligenté une inspection du professeur (ou plutôt une « visite conseil », selon la novlangue de l'éducation nationale). Le collègue devra subir une deuxième « visite » en mai prochain. Nous imaginons sans peine qu'il doit lui tarder que l'année scolaire se termine. Une affaire lamentable qui montre combien notre administration se révèle souvent incapable de gérer localement les plaintes de ces parents mécontents lesquels se retournent alors vers des personnalités politiques locales ou nationales. Elle montre à quel point les professeurs mis en cause se retrouvent bien seuls devant les actions pas vraiment bienveillantes engagées contre eux.

https://www.profession-gendarme.com/wp-content/uploads/2022/04/Mediapart26avril2022.pdf


 

En marche vers... le casernement des professeurs

  Un mot à retenir, lourd de conséquence pour nos services, dans l'allocution présidentielle d'hier lundi 17 avril. Celui de « systé...